La vie là haut

La vie en montagne,l'amour des vaches,et la rudicité de l'environnement

Il y a longtemps!!

Il y a longtemps!!

Que je n'ais pas parler sur ce blog de mes gens d'en haut!!alors voilà!

Et voilà quelques photos des gens d'en haut,ne pensez pas que mon village d'en haut n'est peuplé que de personnes agées,bien sûr que non il y a quelques beaux "bronzés'!mais moi j'aime ces visages,sur lequels ont voit la vie qui passe;des visages de la vie rude de montagnards.

Et voilà maintenant une histoire d'un couple de là haut!

Bonne visite

Odile et Antoine "Cette vie nous plaisait, c’était la liberté"

Odile a connu son mari au bal des 20 ans, organisé par les conscrits en mars 1957. Brève rencontre puisqu’il partait en Algérie dés le mois de juillet, et qu’elle ne le reverrait qu’en octobre 59. C’était la fille d’un petit exploitant en moyenne montagne, dans la Loire, qui faisait aussi du transport avec son cheval. A 14 ans et demi, elle va travailler à l’usine, une blanchisserie. Lui connaît les mêmes origines dans un village distant d’une dizaine de kilomètres. Pour mettre du beurre dans les épinards, Antoine se louait à droite et à gauche.

En Algérie, perdu dans cette guerre sans nom, il savait au moins à qui écrire. A son retour, les jeunes gens ne pensent qu’à s’établir. Plus le temps de s’amuser. Et en août 60, les voilà mariés. Et à la Saint-Martin suivante, les voilà affermés sur 7 hectares, dans les Monts de la Vanoise, massif qui domine La maurienne. Antoine n’a pas un sou vaillant. Sa femme l’aide pour acheter une première vache (87 000 anciens francs), avec ses économies de l’usine. Le père Ducros en donne une autre pour pouvoir atteler, et la belle-mère fournit la troisième, qu’il dresse sous le joug Passé le premier hiver avec ces bêtes, il acquiert au printemps une meilleure laitière, une montbéliarde de 4 ans flanquée de son veau. Toutes les bêtes étaient dûment tirées, qu’elles travaillent ou non. On ne devait rien perdre. Chaque année, ils augmenteront leur cheptel d’une vache supplémentaire.

Ils ont du trimer, mais Antoine préférait ce dur métier plutôt que de renter aux arsenaux de Roanne qui embauchaient à l’époque, et où se rendaient pas mal de paysans.(Ville de sa naissance) Cette vie lui plaisait, c’était la liberté. Se faire commander 30 mois en Algérie lui avait largement suffi. Fini cette comédie ! Et il ne voulait pas laisser tomber ses parents.

Il cultive donc du blé, du seigle, des patates, nourrit ses trois cochons et, n’ayant pas assez de foin en grange, donne la paille aux vaches. Et pas question d’avoir un cheval, il n’y en avait pas assez grand pour l’entretenir. Un cheval, c’est plus gourmand, plus difficile, et il faut l’équiper. Les vaches n’avaient besoin que d’un joug, facilement trouvé d’occasion dans une brocante. Pas de crédit non plus, l’exploitation étant trop petite, et la banque n’y pouvant trouver de quoi se rembourser en cas de malheur. Antoine empruntait la charrue, la faucheuse et la javeleuse à son père avec lequel il travaillait. Pour moissonner le blé et le seigle, ils adaptaient une grille sur la faucheuse, ce qui permettait d’isoler la quantité nécessaire à une gerbe. Les hommes liaient tout de suite derrière, avec de la paille, s’aidant d’un petit morceau de bois allongé, la « bille », pour nouer le lien. Le foin, tombé en andains, était chargé en vrac, à la fourche.

Pour se chauffer, Antoine abattait des arbres, surtout des hêtres. Il débardait avec ses vaches, puis chargeait les grumes sur ces longs chars qui ramenaient le foin et la moisson. Il en ôtait les ridelles pour charger les troncs. Et les grandes roues cerclées de fer grinçaient sur les mauvais chemins, au rythme poussif des vaches. Elles en bavaient les braves bêtes ! La Moussette, la Charmante, la Bichette, la Blondine, la Rosette…Le père l’aidait à débiter les grumes, tirant chacun leur tour sur le passe-partout. Sans tronçonneuse, c’était une longue besogne que de fendre les bûches, et d’en faire une réserve suffisante pour passer la morte saison. En plein hiver, lorsqu’il en manquait, Odile prenait le manche de la cognée. Le hêtre qui n’avait guère eu le temps de sécher, brûlait vaillamment cependant. Aussi, les dimanches après-midi, au lieu d’aller se promener, le couple s’occupait à couper du bois. Mais ils n’attelaient pas les bêtes ce jour-là. Histoire de « respecter les autres ».

Comme ils n’avaient pas les moyens de se payer des clôtures, Odile gardait les vaches. Depuis le printemps, jusqu’à l’automne, le matin et l’après-midi pendant deux tours d’horloge, elle les menait pâturer. Et alors que l’aînée de ses filles, vers 8 ans, commençait à la remplacer, ils ont pu clore leurs pâtures. Il y avait la traite. Plus tard, ils ont eu jusqu’à douze laitières à tirer à deux, tous les jours. La patronne faisait du beurre, du fromage. Antoine l’aidait à tourner la manivelle de l’écrémeuse. Elle tenait la maison qui, encore aujourd’hui, ne connaît pas de chauffage central. La cuisinière, où hantait toujours la bouilloire, suffisait à tempérer la pièce à vivre, sans parvenir toutefois à chasser le grand froid des chambres. Dans les lits des filles, des bouillottes réchauffaient les draps glacés. On n’éteignait le feu qu’au plus fort de l’été, un butagaz à deux bouches permettant de cuisiner. Pour la toilette, on se mettait dans le renfoncement de l’évier, se lavant dans une bassine en tôle avec le seul luxe d’un savon de Marseille et d’un broc d’eau chaude. Et c’est dans un baquet en bois qu’Odile lavait le linge.

L’installation d’un chauffe-eau à gaz allait grandement lui faciliter la tâche. En 1971, suivrait le téléphone, les Ducros ayant accepté d’abriter le poste d’abonnement public communal. Dans le hameau, personne ne le voulait. Eux, ils étaient contents. Les gens de la demi-douzaine de maisons venaient passer leurs coups de fils. On ne téléphonait pas pour n’importe quoi. Et les Ducros faisaient même les commissions lorsqu’ils recevaient des appels, n’y étant pas tenus car ils n’étaient pas « cabine ». Puis, l’année suivante, viendrait le frigo, la télé en 1975. Le congélateur attendrait les années 80.

Jusqu’à la fin des années 60, le beau-père faisait le pain au four. Il se conservait dix jours. Puis, deux fois par semaine, la camionnette du boulanger klaxonnait dans la cour. Passaient encore l’épicier, le boucher, et sans prévenir surgissaient nombre de marchands de vêtements. En ce temps-là, on s’arrêtait pour causer. C’était bien là le moindre des plaisirs et des politesses. On n’était pas comme maintenant si « à cheval sur le temps ». Quand on rencontrait ses voisins sur des chemins encore un peu fréquentés. Quand on se rendait chez les uns et les autres, l’hiver, pour passer les soirées. C’étaient les dernières veillées. Les hommes jouaient aux cartes, les femmes cousaient, tricotaient et papotaient. On se mettait tous à casser des noix pour le moulin à huile, à peler des châtaignes.

Et bien sûr, on tuait le cochon. Un voisin, habile à manier le couteau, l’égorgeait. Antoine débitait la carcasse. Il faisait du saucisson pour toute l’année, les pendant au plafond. Après 40 jours passés au saloir, les jambons les rejoignaient sous les solives. Ils y séchaient jusqu’en avril, puis montaient se bonifier au grenier, dans une caisse remplie de cendres. Et plus on attendait, et plus ils étaient bons…

Antoine a conduit son premier tracteur en 1973. Un Sam, importé d’Italie, bientôt équipé d’une barre de coupe, d’une charrue, d’un cultivateur et d’une presse. Ce coin de moyenne montagne étant plutôt pentu, l’engin est équipé de quatre roues motrices, pour plus de sécurité. Il a repris les 15 hectares de son père. Puis, à 56 ans, il s’est mis en préretraite. Le couple ne regrette pas ses choix. Au début, Antoine s’est pourtant fait bien du souci. Il craignait de manquer d’argent pour survivre. Mais ils ont gagné leur vie et leur indépendance dans ces paysages qu’ils aimaient. Et l’un des fils a pris la relève.

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